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La violence envers les enfants est endémique – Nations Unies

Pour éradiquer les violences envers les enfants en Afrique, il faudrait avant tout lutter contre la violence liée au genre, et combattre notamment le viol, qui expose les jeunes au risque de contracter le VIH/SIDA, la maltraitance en milieu scolaire et certaines pratiques traditionnelles, selon un haut responsable des Nations Unies.

« Dans la région, chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans, deux nouvelles infections au VIH/SIDA sur trois concernent des femmes ou des filles », a révélé le 28 mai Per Engeback, directeur régional (Afrique de l’Est et Afrique australe) du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef). « Le visage du VIH est celui d’une femme, d’une fille ».

M. Engeback s’exprimait à l’occasion de la présentation, à Nairobi, la capitale kényane, du Rapport mondial des Nations Unies sur la violence envers les enfants. Ce document a été préparé par un expert indépendant, Paulo Sergio Pinheiro, pour le Secrétaire général des Nations Unies.

En Afrique de l’Est et en Afrique australe, les violences sexuelles et la pauvreté endémique ont favorisé la propagation du VIH/SIDA ; les taux moyens de prévalence chez les jeunes femmes de 15 à 24 ans sont d’ailleurs de deux à six fois supérieurs à ceux constatés chez les garçons, selon l’étude.

La région compterait quelque 12 millions d’enfants ayant perdu un ou leurs deux parents du sida, dont un grand nombre sont chefs de famille et vulnérables à l’exploitation. Le Kenya, à lui seul, compterait au moins un million d’orphelins du sida.

Au Swaziland, révèle l’étude, les orphelins sont deux fois plus susceptibles de travailler avant l’âge légal. Ils représentent d’ailleurs 50 pour cent des travailleurs du sexe mineurs du pays. Au Kenya, ces jeunes travailleurs du sexe sont entre 10 000 et 30 000 et on les trouve principalement dans les destinations touristiques. Selon les estimations de l’auteur du rapport, quelque 126 millions d’enfants se seraient livrés à des travaux physiques dangereux en 2004.

Violences domestiques

Les violences envers les enfants transgressent les cultures et les milieux. Et la plupart des enfants témoins de violence au sein du foyer familial sont eux-mêmes fréquemment brutalisés, explique le rapport.

Au cours d’une enquête réalisée auprès de 200 enfants tanzaniens vivant dans les rues de Dar es Salaam, la capitale, 62 pour cent d’entre eux ont invoqué les disputes parentales, la cruauté des beaux-parents ou les violences comme raison de leur départ du foyer.

En 2002, dans le monde, au moins 150 millions de petites filles et 73 millions de petits garçons ont été forcés d’avoir des rapports sexuels ou se sont vu infliger d’autres formes de violences sexuelles, selon l’étude. Les violences sexuelles et les violences liées au genre sont monnaie courante dans la rue, à l’école, au sein des communautés et sur le lieu de travail. Sur 55 000 cas de viols déclarés en Afrique du Sud en 2004-2005, au moins 40 pour cent concernaient des victimes de moins de 18 ans, a révélé M. Engeback.

Les enfants sont également exposés aux violences sexuelles en milieu scolaire : des cas d’agression d’élèves par des professeurs sont souvent déclarés. Toutefois, les victimes sont souvent trop intimidées pour signaler les violences subies ou bien elles ne sont pas conscientes de leurs droits.

La pauvreté et le parti pris font obstacle à la scolarisation

Au moins 50 pour cent des filles en Afrique subsaharienne n’ont pas terminé le cursus primaire pour diverses raisons, et notamment à cause de la pauvreté et du parti pris en faveur des garçons. Le manque d’éducation alimente un cercle vicieux car leur ignorance les expose à des violences sexuelles.

Au cours d’une étude menée au Botswana, et citée dans le rapport, 11 pour cent des élèves de sexe féminin interrogées avaient déclaré craindre que le harcèlement sexuel ne les oblige à arrêter l’école.

« La violence envers les enfants est souvent légale, approuvée et même, dans certains cas, autorisée par l’Etat », a expliqué M. Engeback.

Dans de nombreux pays d’Afrique, certaines pratiques traditionnelles telles que les mariages précoces ou la mutilation génitale féminine (MGF) restent des problèmes particulièrement préoccupants.

Chaque année, quelque trois millions de filles subissent une MGF. L’Ethiopie présente d’ailleurs une prévalence particulièrement élevée puisque 80 pour cent des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans sont excisées.

« [Cette pratique] les prive du droit à la santé, à la dignité et parfois à la vie », a poursuivi M. Engeback.

Au moins 48 pour cent des filles sont mariées avant d’avoir atteint l’âge de consentement légal, ce qui met leur vie en danger, a-t-il ajouté.

En période de conflit, les enfants sont particulièrement vulnérables à la violence : ils sont souvent recrutés par les combattants comme enfants soldats ou comme esclaves sexuels.

Responsabilité des Etats

L’étude appelle les Etats à endosser la responsabilité principale de la prévention des violences, en donnant un cadre légal solide, capable « d’interdire toutes formes de violence contre les enfants, en tout temps et quel qu’en soit l’auteur ». Les systèmes de justice sont souvent fautifs, parce qu’ils n’accordent pas une importance prioritaire à la violence envers les enfants et parce qu’ils se montrent indulgents envers les auteurs de violences, selon l’étude.

Philista Onyango, directrice exécutive du Réseau africain de prévention et de protection contre la maltraitance et l’abandon d’enfants, a ajouté que la violence envers les enfants exigeait une action sur plusieurs fronts et la participation du gouvernement et de la société civile, entre autres parties prenantes.

« Il faut également créer des mécanismes régionaux et nationaux destinés à la mise en application des recommandations », a-t-elle souligné.

Par ailleurs, la plupart des enfants ne sont pas informés de leurs droits. Pour Moody Awori, le vice-président kényan, il faut donner davantage de pouvoir aux enfants en leur expliquant comment se protéger, les faire participer aux débats portant sur les questions qui les concernent et harmoniser les lois sur les enfants.

« Il est très important de comprendre les enfants si l’on veut élaborer une méthode d’intervention adaptée à leurs besoins », a expliqué M. Awori.

L’étude, qui a bénéficié de la contribution de 133 pays, dont 18 pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe, présente également plusieurs suggestions faites par des enfants.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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